Après une première inoubliable du Festival aux Foréziales l’an dernier avec Hugh Coltman, le Rhino rouvre sa boîte à bijoux où sont jalousement gardées les pépites les plus marquantes de chaque édition. Parmi elles, comme l’attesteront tous ceux qui ont eu le privilège de la découvrir à Firminy en 2021, l’extra-ordinaire chanteuse et pianiste estonienne Kadri Voorand, bardée de prix et honorée du titre de meilleure artiste féminine de son pays. Musicienne hors-pair à l’audace plutôt avant-gardiste, l’étonnante et tonique compositrice subjugue en effet par la richesse de son éclectisme, et sa façon unique d’aborder l’esthétique contemporaine du jazz vocal, qui rendent son répertoire indéfinissable. Entre ballades suspendues où l’on pensera à des Agnès Obel, Anna Reid (London Grammar) ou des références comme Kate Bush ou Björk, et envolées groovy empruntant autant au folk qu’à la pop, au rock qu’à l’electro, cette performeuse scénique dotée d’un sens inné de la narration fascine tout autant par la fantaisie de ses improvisations stratosphériques, de celles qui emmènent loin. Aussi bien dans ses reprises comme Imagine de Lennon ou I wanna dance with somebody de Withney Houston réinventées avec une folle intensité, que dans ses propres compos telle cette longue Agony où toute l’étendue de sa palette vocale, du jazz au blues, du rock aux musiques latines, est condensée. C’est dire aussi le sens rythmique développé par le duo qu’elle forme avec son fidèle complice Mihkel Mälgand, éminent contrebassiste et légende des studios qui a joué avec Nils Langren, Dave Liebman, Randy Brecker ou Kurt Elling. Parti depuis à la conquête du monde (Europe, USA,Chine, Russie…), le retour de ce duo majeur, énorme coup de cœur du Rhino, est un cadeau rare. Immanquable !

KADRI VOORAND : piano, voix – MIHKEL MÄLGAND : contrebasse