NUIT DU BLUES
JUSTINA LEE BROWN - ROBERT FINLEY
En partenariat avec la Ville de Saint-Chamond
JUSTINA LEE BROWN : brown sugar…
Figure de la scène blue-soul africaine, Justina Lee Brown est une chanteuse et compositrice d’origine nigériane qui a vécu une jeunesse éprouvante avant de trouver dans la musique la force de s’échapper de son ghetto de Lagos. En combinant l’héritage traditionnel de ses ancêtres aux influences modernes de la musique, et en naviguant dans toutes les eaux du blues au funk en passant par le rock, l’artiste inspirée de références telles qu’Etta James, Myriam Makeba et Anita Baker a, à son tour, su imposer la puissance saisissante de sa voix pour devenir en vingt ans de carrière l’une des grandes dames flamboyantes de la black-music. À quarante ans aujourd’hui et forte de six albums, la chanteuse désormais installée à Zurich a effet raflé successivement les prix les plus prestigieux, de l’European Blue Challenge au Best African Voice, du Women Award de Londres au Swiss Blues Award l’an dernier. Réputée également pour ses performances live électriques, la blueswoman engagée notamment via sa propre Fondation contre la maltraitance des enfants nigérians se définit comme nomade, mais est totalement habitée aux deux sens du terme quand elle est sur scène, seul lieu qu’elle définit comme son «vrai chez moi». C’est dire la présence intense et fulgurante de la diva qui, dès qu’elle surgit escortée de son terrible sextet, entre en connexion intime avec son auditoire.
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ROBERT FINLEY : … black bayou
Une prestation de haut vol avant d’accueillir une autre figure déjà légendaire à tout point de vue avec le Louisianais Robert Finley au parcours incroyable, en forme de succes-story comme en raffolent les tenants du rêve américain. Celui en effet d’un chanteur et guitariste semi-professionnel qui avait déjà soixante-deux ans quand est paru en 2016 son tout premier album bien nommé Age don’t mean a Thing : l’âge n’a pas d’importance, et ça tombe bien puisque la valeur n’attend pas le nombre des années, dit-on. Mécano des hélicos de l’armée en Allemagne où il sera aussi musicien d’orchestre, le bluesman à ses heures est rentré sur ses terres de Louisiane où il a toujours baigné dans le gospel pour s’établir comme menuisier-charpentier, avant qu’un glaucome vienne le frapper de cécité. Ne pouvant plus exercer, il se remettra à jouer dans la rue avant d’être aidé par la Fondation des vétérans du blues, puis de rencontrer Dan Auerbach, leader des fameux Black Keys de l’Ohio, qui signe son émergence avec ce premier disque enregistré à Memphis. Depuis, quatre albums sur son label ont connu le succès de part et d’autre de l’Atlantique jusqu’à Black Bayou, lauréat notamment du Grand Prix Blues & Soul de l’Académie Charles Cros en 2023. La pleine révélation d’un artiste singulier qui pratique un blues puisant aux racines de la southern-soul, du rock et du swamp, où le vieux crocodile à la voix éraillée, profonde et grondante – mais aussi doué d’un étonnant vibrato et toujours reconnaissable par son falsetto signature – a la faconde d’un grand conteur d’histoire pour évoquer des thème sociétaux qu’il mêle, dans un esprit farceur, à des anecdotes autobiographiques sur cette vie étonnante. Avec son impeccable trio rythmique de base, dénué de cuivres mais épaulé par sa fille aux backing-vocals, Robert Finley nous enivre totalement par la profondeur de son blues rugueux, teinté de gospel, de soul marécageuse et de funk suintant. Il exprime avec un fluide comme magnétique la résurrection d’un homme toujours optimiste et positif, qui croit en la main de Dieu et explique par sa foi cette magnifique force de vaincre. Un moment fort !