STEFANO DI BATTISTA 4tet
Morricone Stories
Mercredi 11 octobre – 20h30
Le Radiant-Bellevue – Caluire-et-Cuire
1, rue Jean-Moulin – 69300 Caluire-et-Cuire
Tarif : 32 / 36 €
En partenariat avec Le Radiant-Bellevue
Romains de maîtres
Il n’aura pas eu le temps de l’écouter ! En nous quittant en juillet 2020 à l’âge de 92 ans, le grand maître des B.O. de cinéma et de télévision Ennio Morricone qui aura composé plus de 500 musiques pour l’image en soixante ans de carrière, n’aura pu découvrir l’album Morricone Stories que son compatriote romain le saxophoniste Stefano Di Battista a publié au printemps 2021 avec son superbe quartet. Pour sûr, celui qui a toujours craint la réinterprétation de ses œuvres par des jazzmen -même s’il a eu quelques collaborations avec Chet Baker- aurait été rassuré voire épaté par le travail de virtuose(s) mené pour lui rendre hommage, après que le prodige de l’alto comme du soprano l’ait convaincu de donner son accord à cette relecture, lors de fructueuses conversations teintées de respect et de confiance entre deux musiciens qui avaient déjà travaillé ensemble et s’appréciaient.Pour preuve de cette amitié, le père spirituel aura d’ailleurs composé Flora, une courte pièce inédite, méditative et ravissante, dédiée à la fille du saxophoniste, et qui figure parmi les douze thèmes gravés sur ce disque.
Des thèmes choisis avec un tact subtile, savant mix de partitions légendaires dont les notes sont gravées dans notre imaginaire collectif, et de musiques pour des films plus confidentiels, toutes pareillement emmenées par la magie du quartet dans l’univers du jazz. La prouesse -relevée ici haut la main- étant de les faire résonner comme des standards, tout en restituant parfaitement les ambiances cinématographiques. Parmi les plus célèbres, on reconnaîtra bien sûr ceux de deux films de son grand complice et ami créatif Sergio Léone (Morricone étant à Léone ce que Nino Rota était à Fellini), d’abord l’inévitable Deborah’s Theme d’Il était une fois en Amérique, son préféré parmi ses nombreux chefs d’œuvre et qui scella leur ultime collaboration en 1984, puis Le Bon, la Brute et le Truand, autre thème inoubliable écrit par celui dont le cinéaste disait que la musique faisait parler ses personnages et, qu’en se substituant aux mots, il était le meilleur des scénaristes.
On ne peut échapper non plus à ceux de Peur sur la Ville d’Henri Verneuil, où il s’agit de soutenir le suspens ambiant, de Mission de Roland Joffé où le soprano se substitue avec une douceur de velours au hautbois originel, ou encore du romantisme de rigueur pour le 1900 de Bernardo Bertollucci. Mais qui se souvient du thème de La Femme du Dimanche de Luigi Commencini ou celui du Grand Silence, western de Sergio Corbucci ? Qui connaît seulement les cinéastes Franco Rubartelli, Massimo Dallamo, Giuseppe Patroni Griffi, autres réalisateurs italiens pour lesquels Morricone aura composé avec le même sens exceptionnel de la mélodie, comme nous le retranscrit si bien Stefano Di Battista au travers de son répertoire où, en coloriste inspiré, il met à chaque fois l’audace et le génie du compositeur en évidence.
Si son jeu très personnel est réputé pour sa fougue et son lyrisme flamboyant, la fluidité de son phrasé quand il swingue ou l’émotion qu’il dégage quand il est dans la douceur mélancolique, il s’appuie pour ce faire sur l’excellence tout aussi notoire des instrumentistes de son quartet où l’on retrouve, aux côtés de son compatriote napolitain et pointure éminente de la contrebasse Daniele Sorrentino, le mythique batteur Dédé Ceccarelli, et ce soir au piano (en joker de Fred Nardin, pianiste et arrangeur de ce répertoire) Andrea Rea, autre figure du jazz italien et précédent complice de Sorrentino et de Di Battista qui a entre autres travaillé avec Kenny Baron, Richard Galliano ou Dee Dee Bridgewater. Soit un quartet de haute voltige capable de ramener à lui et de manière époustouflante des œuvres symphoniques, instillant à ces mélodies raffinées et intemporelles les harmonies savantes d’un jazz moderne, authentique et enthousiaste. Pour cette troisième collaboration entre le Rhino Jazz(s) Festival et le Radiant qui poursuivent le cycle autour des musiques de cinéma entamé avec succès par Kyle Eastwood puis les frères Belmondo, voilà encore de quoi ravir aussi bien les cinéphiles que les mélomanes !
STEFANO DI BATTISTA : saxophone – DANIELE SORRENTINO : contrebasse – ANDRÉ CECCARELLI : batterie – FRED NARDIN : piano